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Link: The life of the peasants is good after Land Reform 

Référence : BG E15/595

 

    « La vie des paysans est belle après la réforme agraire », 土改完成农民生活好 est le titre de cette affiche de propagande politique, réalisée aux alentours de 1951 par 金梅生 (1902-1989), célèbre peintre de Shanghai ayant réalisé de nombreuses affiches de propagande, et renommé pour sa maîtrise de la peinture, alliant techniques chinoises traditionnelles et techniques occidentales. Cette affiche a été publiée par 华美画片出版社 au format 53x77cm.

Depuis 1946, des terres sont redistribuées par le parti communiste, mais c’est en 1950 que débute officiellement la réforme agraire. Les paysans deviennent les propriétaires des terres sur lesquelles ils travaillent, ils ne travaillent plus pour le compte des grands propriétaires. A cette époque, la paysannerie représente près de 85% de la population, c’est donc aux yeux de Mao, le premier secteur à transformer et orienter vers la transition socialiste. Ces réformes ont parfois été imposées avec violence.

          Sur cette image, l’on peut voir sept personnages, qui semblent appartenir à une même famille, trois enfants, leur mère, et deux de leurs grands-parents. Ils sont tous bien-portants, et tous ont une expression faciale joyeuse. Leurs regards s’orientent les uns vers les autres, créant une image de partage et de cohésion. Ils sont dans une sorte de salon. Globalement, leurs tenues et leur espace de vie sont très soignés et harmonieux. Certaines pièces de leurs tenues semblent être d’un tissu précieux semblable à de la soie. C’est sur ce même tissu que quatre des personnages (la grand-mère et trois des enfants), sont en train de travailler. L’une des jeunes filles a également un livre entre ses mains. Ils ont de nombreux rouleaux de fils colorés, et semblent ici prendre part à une activité de loisir : la couture. Le grand-père semble jouer d’un instrument de musique similaire à une flûte. La mère des enfants, portent le plus petit d’entre eux dans ses bras. Cet enfant brandit un drapeau de la RPC, un enfant qui comme le jeune gouvernement de Mao, pourrait être promis à un avenir radieux. Cet enfant porte une casquette rouge, tandis que son grand frère, lui, porte une casquette bleue que l’on nomme gavroche et un foulard rouge. Ces éléments peuvent être associés au monde ouvrier et au communisme. Les personnages féminins ont tous des coupes de cheveux différentes : cheveux très courts, courts, longs et tressés. Cet aspect peut illustrer la liberté de la femme, promue par le parti de Mao.

Pour une famille paysanne, le mobilier est très honorable, il est constitué d’une grande table carrée, un banc, et une petite chaise en bambou. Cependant les personnages sont tous debout, ce qui peut illustrer un état de santé et une forme physique qui sont optimaux.

Nous pouvons voir deux poules, un coq (dont la signification symbolique en Chine est la Fiabilité), ainsi que de nombreuses denrées alimentaires : divers légumes et paniers destinés à en contenir. Ces éléments, sont empilés, et sont scindés par le cadre de l’image, c’est-à-dire qu’ils dépassent du cadrage sur les bords droit et gauche tant ils sont en grand nombre.  En haut de l’image, le mot Paix (和平) apparaît en rouge sur une calebasse, et à égale distance du centre on retrouve le portrait de Mao, positionné au dessus des personnages, telle une figure paternelle ou divine. On peut donc imaginer un parallèle entre le gouvernant et l'état de "paix" dans le foyer.

 

          L’objectif de cette affiche, est d’illustrer les bienfaits de la réforme, amorcée par Mao, sur le quotidien des paysans. Ce qui peut-être une réalité sur la période 1949 à 1952, une augmentation de la productivité et du revenu des paysans sont visibles. Plus globalement, l’encouragement de la production et la réduction des impôts du Programme Commun, permettent de maîtriser l’inflation et équilibrer le budget de l’Etat. Les conditions économiques sont donc potentiellement meilleures qu’auparavant. D’où, l’abondance de denrées, largement soulignée par notre illustration. Les paysans ne travaillent donc plus pour des propriétaires « paresseux et corrompus », ils ne sont plus soumis à l’oppression. Ce sont, cette liberté et ce bonheur qui sont illustrés sur cette affiche. L’intention du parti, via cette image, est donc de persuader les paysans qui n'ont pas encore accepté la réforme, en leur promettant un niveau de vie élevé. Notons que les non convaincus pourront être intimidés ou convaincus par la force si besoin.

Grâce à cette redistribution des terres, le PCC gagne le support des paysans. Des paysans, qui en devenant propriétaires de petites parcelles, vont rencontrer de nouvelles difficultés. Certains d’entre eux manquent de ressources, d’équipements, ou de connaissances pour cultiver la terre de manière productive. De plus, leur avenir est soumis aux conditions météorologiques. Cette baisse de productivité a apporté des pénuries et des augmentations de prix ; on peut noter qu’à partir du premier plan quinquennal, l’Etat concentrera ses investissements sur l’industrie et les transports, ce qui va lourdement nuire à l’activité paysanne, seulement le secteur ouvrier s’enrichira, l’on peut noter que cela participera à l’augmentation du niveau général des prix. L’Etat prendra le monopole sur le grain pour éviter la spéculation. Les paysans en difficultés seront encouragés à coopérer entre eux. 

   

     A partir de 1953, l’Etat ordonne aux paysans de se rassembler en coopératives agricoles, ils y sont contraints ; dans une certaine précipitation vers la collectivisation, au détriment d’une bonne organisation. Globalement, on peut dire que la situation paysanne en 1954 est teintée de détresse, détresse due à l’abandon des investissements de l’Etat dans ce secteur, au contrôle de l’Etat sur l’organisation du travail par l’usage de la force, et au contrôle des ressources. Les inondations de cette année-là n’ont fait qu’accroître la famine et le mécontentement. On peut donc conclure que les promesses évoquées par cette affiche (famille paysanne idéale s’adonnant à des loisirs dans une maison débordante de nourriture), ne seront en rien réalisées dans les années suivantes. Une situation qui ne fera qu’empirer durant le Grand Bon en avant de 1958-60, dans un contexte de grande famine, où des affiches de propagande évocatrices de promesses similaires, seront également employées.